Introduction
Pendant longtemps on
admettait sans beaucoup plus d’explication que la justification par la foi sans
les œuvres de la loi « constitue ce qu’il y a de spécifiquement paulinien
dans le message du Nouveau Testament[1] .»
C’est d’ailleurs ce qui a nourri les controverses entre catholiques et
protestants au XVIème et contribué à la réforme. Tandis que les églises
réformées affirmaient, se basant sur Rm1-4, la justification par la foi
indépendamment des œuvres, les catholiques eux s’inspirant de la première
lettre aux Corinthiens et Rm5-8, montraient l’importance des œuvres qui du
reste découle de la foi.
Les exégètes dans les
années 60, se sont accordés pour une traduction commune et se sont rendu compte
que le sens du texte est pour tous à quelque petites nuances près le même, la
déclaration commune sur la justification par la foi entre ces différentes
églises en est l’illustration. Cette déclaration dans les grandes lignes….
Il faut donc faire
confiance aux textes c’est l’objet de notre première partie qui nous amènera à
une lecture attentive de Rm1-4.
De nos jours pour un nombre de plus en plus
croissant d’exégètes, « le discours de Paul trouve son centre de gravité
dans l’expérience christique, commencée de manière décisive sur le chemin de
Damas : Jésus Christ, Fils de Dieu et seul médiateur de salut[2] »
et dans les « implications éthiques et ecclésiales que cette expérience a
favorisées[3] »
Il y a aussi une
dimension dogmatique que nous essayerons de dégager dans la seconde partie de
notre travail.
I Délimitation et structure de Rm1-4
A délimitation
Finalement
deux axes majeurs se dessinent dans cette première grande partie de
Rm1-4 : une pointe anthropologique avec cette affirmation que l’homme
libre et conscient est livré à la colère de Dieu et une autre théologique qui
ramène la propositio principale pour affirmer que le juste par la foi vivra.
Il est
assez unanimement reconnu en effet que la propositio principale se trouve dans
Rm1,16-17. Alors qu’on s’attendait à un développement de la propositio, Saint
Paul s’embarque dans le développement de la partie 1,18-3,20 avec une
affirmation de la colère de Dieu et l’incapacité de la loi de nous justifier
avant de revenir avec la propositio de 3,21-22 à la justification par la foi
(3,21-4,25). Le passage d’une partie à l’autre (de 1,18-3,20 à 3,21-4,25) est
marqué par un contrepied, ce qu’on attendait, la colère de Dieu après une
description du péché de l’homme n’est pas arrivé, en 3,21 ce n’est pas la
colère mais la justice de Dieu. Le passage à un ère nouveau est bien marqué
« mais maintenant… »
La probatio
de l’une et l’autre partie est un recours à l’expérience historique d’Israël et
à l’Ecriture dans lesquels Dieu « livre » et « révèle ».
L’Ecriture est en effet le dévoilement de l’histoire et Paul entend, par
l’histoire contenu dans la Parole, prouver l’universalité de la culpabilité et
de la justification par la foi.
Paul
manifeste par sa manière d’écrire notamment ces deux parties, que le Christ
opère l’unité des différents aspects du mystère révélé sans que ces aspects ne
perdent leur spécificité propre. Sa rhétorique est à mesure d’unir et de
distinguer ; il ne se contente pas de juxtaposer les réalités du salut, il
les articule.
La première
partie est marquée en plus de l’adresse (1,1-7), du prologue (1,8-17) surtout par ces deux grandes parties
(1,18-3,20) et (3,21-4,25). Le« mais maintenant » de 3,21 marque le
passage à (3,21-4,25) et annonce un
passage important. Il s’agit désormais pour Paul de montrer que « sans la
Loi, la justice de Dieu s’est manifestée, attestée par la Loi et prophètes,
justice de Dieu par la foi en Jésus Christ, à l’adresse de tous ceux qui
croient » (Rm3, 21-22a). La fin de ce passage est marquée en 5,1 par
l’expression « ayant donc reçu notre justification de la foi.»
B) Structure
I Rm1, 8-17 prologues
Rm1,
8-15 : la foi commune à Paul et aux Romains
Rm1,
16-17 : proposition : « le juste, par la Foi, vivra »
II Rm1, 18-3,20 Tous sont sous le jugement de Dieu
A1 Rm1, 18-32 : Dieu révèle TOUTE impiété et injustice des hommes
Rm1,
19-23 : les hommes sont coupables de leur impiété : ils sont
idolâtres.
Rm1,
24-32 : Dieu livre les idolâtres aux passions de leur corps : ils
sont injustes.
B Rm2, 1-29 Comment Dieu est-il juste ?
Rm2,
1-12 : Dieu est impartial, il juge TOUS les hommes selon leurs œuvres
Rm2, 3-6
Dieu applique son jugement à tous. UNIVERSALITE DU JUGEMENT
Rm2,
6-11 : Dieu est impartial dans son jugement. PRINCIPE DE RETRIBUTION
Rm2,
12-16 : Dieu sonde les reins et les cœurs
Il juge
TOUT homme par Jésus Christ
Rm2,
17-29 : TOUS sont pécheurs alors que TOUS peuvent garder la loi
Rm2,
17-24 : Le juif tout à la fois circoncis à l’extérieur et pécheur à
l’extérieur, est la cause du blasphème du nom de Dieu.
Rm2,
25-29 : Dieu juge selon l’intérieur, il loue l’homme au cœur droit.
A2 Rm3, 1-20 : Dieu révèle le péché de TOUS
Rm3,
1-8 : le jugement révèle la justice de Dieu
Rm3,
9-18 : Aucun n’est juste devant Dieu
Rm3,
19-20 : la loi donne la connaissance du péché
III Rm3, 21-4,25 : TOUS sont justifiés par la foi grâce à la
propitiation
3.1 Rm3, 21-31 : Dieu manifeste sa justice
La partie
est marquée par la récurrence du mot justice (10 occurrences de δικαιοσύνη et
se ses composés) et foi. Elle est encadrée par νόμον (VV.21 et31) et δια (VV.22
et 31).
A : Rm3, 21-22a : Révélation d’une justice de Dieu par
la foi sans la loi (propositio)
L’inclusion formée par Δικαιοσύνη θεού montre
l’objet principal de la propositio et de toute la péricope : comment la
justice de Dieu est-elle manifestée ? ici est énoncée la thèse de la justification
par la foi qui est une reprise de la propositio principale de l’épitre
Rm1,16-17, le « juste vivra de la foi » (1,17).
B : Rm3, 22b-26 : Justice qui justifie par la foi au
sang de Jésus (Narratio)
Universalité
de la justice est içi marquée par le mot crochet πἁντες tandis l’inclusion par ἥμαρτον/άμαρτημἁτων
ramène le développement de la partie précédente, la colère de Dieu contre toute
impiété et toute injustice humaine « tous ont péché et sont privés de la
gloire de Dieu et ils sont justifiés par la faveur de sa grâce en vertu de la
rédemption de propitiation » (Rm3,23-24), le style est descriptif et
christocentrique : « Christ Jésus » (3,24) et « Jésus
Christ » (3,26).
A’ Rm3, 27-31 : justice non par la loi mais par une loi de
foi (refutatio)
Νόμον
(4fois) alors qu’il avait disparu de l’épitre depuis 3,21, forme une inclusion
qui délimite la refutatio. Un certain nombre de correspondance entre A et A’
(Dieu, sujet de la justice, justification par la foi, à l’exclusion de la loi[4] ) amène à les mettre en
parallèle. Ce parallèle met en valeur l’exposé sotériologique et sa dimension
universelle. Paul argumente aussi par l’unicité de Dieu, « il n’y a qu’un
seul Dieu qui justifiera les circoncis en vertu de la foi comme les incirconcis
par le moyen de cette foi » (Rm3,30).
3.2 Rm4, 1-22 la foi est comptée comme justice (la probatio fondée
sur témoignage de l’Ecriture)
S’appuyant
sur un citation de Gn15,5-6, « Abraham eut foi en Dieu et ce lui fut
compté comme justice » Paul démontre sa propositio, à savoir que la
justification est assurée par la foi. L’unité de la partie est assurée par
Abraham partout présent en 4,1-12 décrit la gratuité de sa justification
pendant que 4,13-22 développe l’objet de sa foi.
321 Abraham justifié par la foi (4,1-12)
Rm4, 1-12
Abraham est l’acteur principal de cette péricope. L’unité se fait aussi autour
du verbe « compter » (4,3-6.8-11) avec une progression de
« nôtre ancêtre selon la chair »(4,1) à « notre père »
(4,12). Un sous ensemble se forme autour
de 4,2-8 et 4,9-12.
A sans la loi, a été manifestée la justice de Dieu à Abraham
(Rm4, 2-8)
La section
est marquée par une récurrence du mot travail et une inclusion par le mot œuvre
(VV1 et 6). L’unité se fait autour de la relation entre Dieu et Abraham, du mot
œuvre, du verbe œuvrer (4,2.4-6)
B Abraham, justifié
incirconcis (Rm4, 9-12)
Les
circonstances de la justification, de la relation entre Abraham et Dieu sont
ici décrites, quand a-t-il été justifié ? Les termes de circoncision et
d’incirconcision traversent la section.
322 l’objet de la foi d’Abraham : foi à la promesse (4,13-22)
La seconde
grande partie de la probatio (4,13-22), vise à montrer l’objet de la foi
d’Abraham. L’unité de la péricope est assurée par les termes de
« promesse », de « promettre » (4,13-14.16.20-21) et le mot
« descendance » (4,13.16.18). Elle se divise en deux sous
parties : 4,13-17 :).
La deuxième
sous partie (4,17-22)
C Rm4, 13-16 : La promesse faite « moyennant la
justice de la foi »
La
délimitation est marquée par une inclusion du mot promesse (vv.13 et 16). On
constate une opposition entre Loi et foi, Loi et promesse et un lien entre
promesse et foi. L’unité de la péricope se construit autour du mot
« loi » (4,13-16). La péricope traite de la relation entre Abraham et
sa descendance, sa foi et la promesse d’une descendance.
D Rm4, 17-22 : De la mort à la vie : la foi en Jésus
Christ
Après avoir
démontré qu’Abraham a été justifié par la foi, il pose maintenant la question
pourquoi la foi justifie-t-elle ? Il y a une récurrence du thème de la morte
et de la vie (4,17.19). Il traite des circonstances de la promesse, de la foi
d’Abraham à Dieu qui donne la vie.
3.4 Rm4, 23-25 : Peroratio,
conclusion : Nous sommes justifiés par la foi en la puissance vivifiante
de Dieu
Le sujet
devient « nous » pour signifier la justification aussi de tous ceux
qui, comme Abraham, croient en la puissance de Dieu qui a ressuscité Jésus. La
mention de Jésus soustrait cette section de ce qui précède pour le rattaché à
l’exposée sotériologique au début de la péricope.
Paul
récapitule ce qu’il a démontré plus haut. On retrouve en effet dans cette
partie à la fois les probatio « voilà pourquoi » (4,22), « quand
l’Ecriture dit » (4,23), le narratio « Jésus notre Seigneur »
(4,24), la propositio « nous à qui la foi soit être comptée » (4,24)
et « pour notre justification » (4,25)
II Commentaire linéaire et interprétation théologique
Nous ne
ferons pas un commentaire linéaire de l’ensemble des 4 premiers chapitres, même
si la justification par la foi traverse tous ces chapitres. Nous essayerons de
ressaisir le sens de la première partie pour éclairer la deuxième qui touche
plus directement l’objet de notre étude.
2.1 Synthèse de l’exorde
(Rm1,1-15) et de Rm1,18-3,20
L’exorde
est traversée par « l’Evangile », « son Fils », « parmi
les païens » : ces termes qui préparent le développe sont à voir dans
leur lien à l’expérience personnelle de Paul. L’expérience sur le chemin de
Damas lui a permis de voir dans le Crucifié qu’il persécutait, le maudit de
jadis, le juste, le Saint serviteur dont parle Isaïe, celui qui offre sa vie
pour le péché des multitudes (Is53,10-12). Il a compris que le Juste était un
« Messie-Fils de Dieu », « la lumière des nations », livré
pour la multitude des hommes, juif ou païen ; c’est cette vérité de la foi
qu’il a reçu dans son âme d’Apôtre qu’il veut expliquer dans l’Epitre aux
Romains.
Rm1,16-17
est unanimement admis comme la propositio principale qui commande tout l’épitre
« je ne rougis pas de l’Evangile : il est force de Dieu pour le salut
de tout croyant, du Juif d’abord, puis du Grec. Car en lui la justice de Dieu
se révèle de la foi à la foi, comme il est écrit : le juste vivra de la
foi. »
Paul montre
dans la première partie, essentiellement d’allure négative, que la
justification par la foi est déjà à l’œuvre dans l’Ancien Testament. Avant de
montrer dans la deuxième partie que cette justification est donnée à tous juifs
et Grecs, il montre dans l’ordre inverse que tous en ont besoin et que cette
justification par la foi a deux composantes : elle s’opère sans les œuvres
de la loi et en vertu de la puissance vivifiante de Dieu. Ces deux composantes
présentes dans la Torah sont efficaces dans l’Ancienne alliance en vertu de la
justification obtenue par la mort du Christ. Son raisonnement est christocentrique
et Paul « ne rougis pas de l’Evangile : il est force de Dieu pour le
salut de tout croyant » (1,16).
L’enjeu de
la justification par la foi est la vie, cette force de Dieu en Jésus Christ qui
du néant ramène à la vie ; mais le jugement divin parce qu’il est
véridique révèle le péché, le dard qui donne la mort et la condamnation des
Nations idolâtres et dévoyées (3,1-21) qu’elle soit juive (2,9-29) ou grecque
(1,18-2,8). Les hommes ont réellement connu le Dieu unique et sont par
conséquent coupables de leur impiété : ils sont idolâtres et Dieu les
livre aux passions de leur corps. Comme jadis il l’avait fait à son peuple
idolâtre en le livrant à l’ennemi pour qu’il se retourne vers lui (Ps106,41),
il livre les païens à des passions déshonorantes pour qu’ils invoquent Dieu
dans leur détresse (Ps106,44).
Le juif
aussi est pécheur (2,17-29), la liturgie synagogale l’invite à confesser
quotidiennement ses fautes car comme les autres, il dit et ne fait pas ;
il doit faire appelle à la miséricorde divine. Le juif tout à la fois circoncis
à l’extérieur et pécheur à l’extérieur, est la cause du blasphème du nom de
Dieu. La connaissance de la loi ne suffit car Dieu juge selon l’intérieur, il
loue l’homme au cœur droit : « le divorce entre l’être et le paraître
atteint non seulement l’agir de l’homme, mais finalement son identité même[5]. » Ainsi, l’avantage
du juif ne lui donne pas de supériorité sur les autres car tout homme est
pécheur (3,1-20). Quel est alors l’avantage du juif ? L’Apôtre déclare
qu’il reste grand. Paul n’est pas antinomiste, pas plus
qu’anti-circoncision ; il redonne à la loi sa vraie signification, au
sujet des païens il dit que « sans posséder de loi, se tiennent à
eux-mêmes lieu de loi » (2,14). Paul combat donc une déviation religieuse
en vue d’un judaïsme intériorisé, et désigne une fondation nouvelle,
« circoncision du cœur, qui est la parfaite observance de la loi[6]» (Jr4, 1-4). En effet, la
loi gravée sur la pierre (Ex24, 12) ne donne pas la force de faire ce qu’elle
commande mais c’est le Christ, la Loi de la Nouvelle Alliance écrite dans les
cœurs (Jr31, 33), «l’Evangile » qui donne la force par l’Esprit (Ez36, 27)
et justifie.
En effet,
au cœur de cette exposée sur le péché de l’homme et la colère de Dieu, alors
qu’on s’attendait à ce que tombe la sentence de mort méritée (Rm1, 32), une
lueur d’espérance : « la patience et la bonté de Dieu »
(Rm2,4), l’avènement d’un jugement
fondée non sur la Loi mosaïque mais selon l’Evangile par Jésus-Christ, au jour
où « selon mon Evangile, par le Christ Jésus » (Rm2, 14-16), Dieu
jugera les pensées secrètes des hommes. En effet c’est peu à peu que Dieu
reprend ceux qui tombent, il les avertit en leur rappelant en quoi ils pèchent
afin que débarrassés du mal, ils croient en Dieu (Cf. Sg12, 2). Paul appelle au
repentir, « grecs et barbares, savants et ignorant » (1,4) car ils
seront tous jugés (2,5-11), « non selon leurs belles idées, mais sur leur
accomplissement de la volonté de Dieu[7] » (2,9-16)
et Dieu, à cause de son impartialité et de sa justice, «rendra à chacun
selon ses œuvres » (2,6)
juifs comme Grecs, de ceux qui sont sous le régime de la loi et
ceux qui n’y sont pas (Rm2,12) disposent en commun de la loi comme cet indicateur de leurs péchés « la loi
ne fait que donner la connaissance du péché » (Rm3,20) et si « la loi
était le premier acte de Dieu qui descend au cœur de l’injustice des hommes, le
Fils unique accomplit ce mouvement en prenant chair de cette chair de péché,
cette chair d’Adam. Ainsi, c’est bien Jésus Christ qui vient au chœur du péché
des hommes qui retenaient la vérité captive, pour la révéler[8]», et surtout par son sang
sur la croix, réaliser ce que Dieu avait « laissé impuni » ;
« il voulait montrer sa justice, du fait qu’il avait passé condamnation
sur les péchés commis jadis au temps de la patience de Dieu »
(3,25-26) ; c’est l’objet de la deuxième partie.
En effet, alors qu’’il n’est pas de juste, pas un seul »
((Rm3, 10), l’ensemble Rm3,21-4,25 est entièrement sous l’emprise de Jésus dont
le nom au début et à la fin de la partie, enserre le péché de l’homme comme un
étau pour l’en délivrer.
2.2 commentaire
linéaire et interprétation théologique de Rm3,21-4,25
A) la manifestation de la
justice de Dieu (3,21-31)
1) Propositio (3,21-22a)
« sans la loi, a été manifesté la justice de Dieu »
On retrouve de façon concise la thèse « Mais maintenant sans
la Loi, a été manifesté la justice de Dieu » et on retrouvera d’autres
formules similaires « mais aujourd’hui, libérés du péché et asservis à
Dieu, vous fructifiez pour la sainteté » (6,22), « mais à présent
nous avons été dégagés de la loi, étant morts à ce qui nous tenait
prisonniers… »(7,6). les impies «retiennent la vérité captive de
l’injustice » (Rm1,18) mais Dieu révèle sa justice au cœur de
l’injustice ; c’est aussi le sens de la disposition rhétorique du
découpage : il révèle toute impiété et injustice (A1) et il révèle le
péché de TOUS (A2). Nous pouvons constater en effet que les caractéristiques de
la justice divine exprimée en B correspondent à la profondeur et l’universalité
de ce qui est révélé en A1 et A2. La nouveauté est radicale, la justice de Dieu
alors colère est désormais justifiante. La nouveauté est marquée par Jésus
Christ et « sans la loi », ils en sont les éléments caractéristiques
tandis que « par la foi », élément commun à (1,18-3,20 et 3,21-4,25)
constitue l’élément central. La nouveauté est aussi d’atteindre tous les hommes
de tous les temps par un acte gratuit de
Dieu, sans aucune contrepartie humaine, à proprement parlé, par pure grâce
(3,24 ; 4,4 ; 4,16) moyennant l’accueil de ce don. Notons enfin que
Paul ne parle pas du salut dans cette péricope.
Cette
justice divine est «attestée par la loi et les prophètes». Elle désigne la
Torah, l’Ecriture et fait écho à la deuxième partie de la probatio qui est une
preuve par l’Ecriture. La temporalité de la manifestation de la justice de Dieu
ne souffre pas de doute, elle dépasse cependant le « cadre du moment
historique de son surgissement[9] .» Le temps du verbe πεφανέρωται
est au parfait, il s’agit donc d’une action passée dans le temps et dont les
conséquences se prolongent parce que l’acte a lieu une fois pour toute mais ses
conséquences sont définitives. Cet acte vient de Dieu (Rm1,19 ;16,26) et
est précisément la rédemption accomplie dans le Christ. Il sera davantage
développé dans le narratio.
« Sans
la loi » (3,21) fait écho à « sans les œuvres de la loi » (3,28)
tout comme « la foi en Jésus » (3,21) fait écho à « foi en
Jésus » (3,26) et désigne probablement les rituels de purification le jour
de la fête du Kippour (cf Lv16, 30.34).
Le sens
de « justice de Dieu », l’acte
par lequel le Christ manifeste la justice, se déroule à travers l’ensemble de
la péricope.
2) Narratio
(3,22b-26) : la justification par la foi au sang de Jésus
« Tous
ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.» Paul se fait ici ambassadeur
d’une tradition juive selon laquelle « Adam était revêtu de la gloire,
c’était sa justice ; il l’a perdu par son péché[10] . » Le péché
provoque en l’homme qui imite la transgression d’Adam, non seulement la perte
de la justice mais aussi la gloire car « ceux qu’ils a appelés, il les a
justifiés ; ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés »
(Rm8,30).
La
« rédemption » άπολυτρώσις (3,24) renvoie à l’acte de libération des
prisonniers de guerre ou l’affranchissement des esclaves. « les mots
λυτρον « rançon » λυτρουν « racheter» renvoient au rôle de
‘racheteur’ que Dieu exerce en libérant son peuple de la servitude égyptienne,
ou en se l’acquérant comme propriété personnelle après son retour d’exil[11]», cette rédemption a un
prix. C’est la personne même du Christ, exposée comme instrument de
propitiation qui est notre rachat, sans prix aux yeux du Père, trente trois
pièces d’argent pour ceux qui le trahissent, infidèles et refusant l’accueil de
cette gratuité. La libération qu’il nous assure nous affranchi de la domination
du péché et de ses conséquences mais ne nous dispense pas de pécher comme
l’éclaire Rm8, 2 « la loi de l’Esprit qui donne la vie dans le Christ
Jésus t’a affranchi de la loi de la mort et du péché.»
Les
expressions ἱλαστἠριον « instrument de propitiation », « par son
propre sang » (Rm3, 25) sont des expressions que même les pagano-chrétiens
à qui Paul s’adresse aussi comprennent. Tout en nous expliquant le comment de
cette rédemption en remontant au rite du Kippour, ces expressions disent
quelque chose de la continuité de l’œuvre du Christ avec l’Ancien Testament.
« L’instrument de propitiation » est le couvercle de l’Arche
d’Alliance dans le Lévitique. Ce terme très rare dans le Nouveau Testament (Cf
He9, 5 ; 1Jn2, 2 ; 4,10). Il est particulièrement utilisé, avec le
sang, le jour de la fête du Kippour (Lv16, 2.13-15.18-19.27) et symbolisent la
vie pour les judéo-chrétiens. En effet, « la vie de la chair est dans le sang.
Ce sang, je vous l’ai donné, moi, pour faire sur l’autel le rite d’expiation
pour vos vies ; car c’est le sang qui expie pour une vie » (Lv17,
11). La fête du Kippour dont le rite le plus solennel a lieu sur le
propitiatoire du temple est la fête du grand pardon, de l’expiation en vue de
purifier le peuple et les lieux saints des souillures du péché. Le sang de
Jésus remplace ainsi le sang des animaux pour obtenir désormais au peuple la
rémission des péchés. Rémission qui exige la foi que ce sang nous obtenu le
pardon des péchés ; elle devient nôtre par notre adhésion de foi à cet
acte : « Dieu l’exposé propitiatoire par la foi en son sang. »
Jadis comme
au temps présent, Dieu a toujours été juste et « il avait passé
condamnation sur les péchés commis jadis », « afin d’être juste et de
justifier celui qui se réclame de la foi en Jésus » 3,26. Paul utilise en 3,25b le terme πἀρεσις, un
hapax dans le Nouveau Testament. Son sens est proche du pardon sans l’être, il
est absence d’action d’où la traduction « laissé impuni ». Le Nouveau Testament emploie généralement ἄφεσις
pour traduire le pardon des péchés en Jésus Christ. πἀρεσις vient de la
littérature hellénistique et Paul veut montrer par son emploi quelque chose de
différent du pardon. Par le Kippour, Dieu laissait le péché impuni mais ne
justifiait pas les Fils d’Israël.
« Les péchés commis jadis au temps de la patience de Dieu »
attendaient dans le Christ sa réalisation. C’est donc dans le sacrifice de la
croix que le laissé impuni du kippour tire son efficacité. Seul le Christ
confère la rémission plénière ἄφεσις en détruisant le péché et ses conséquences
(Cf Ep1, 7 ; Col1, 14)
Au temps
présent, Dieu montre sa justice mais justifie « celui qui se réclame de la
foi en Jésus » (Rm3,27). Dieu est juste en justifiant, il ne s’agit donc
pas d’une justice rétributive car l’homme ne peut, pas même par le don de sa
vie toute entière, éponger la dette du péché, mais il s’agit d’une justice
salvifique où la « grâce » (3,24) de Dieu est première et va au-delà
du péché de l’homme. Paul n’a-t-il pas commencé par montrer le péché de
l’homme dans la première partie de l’épitre (1,18-3,20) et surtout au
début du chapitre 3 ? la justification n’est possible qu’à partir du
moment où l’homme reconnait son péché.
3) Première partie de la
probatio par l’unicité de Dieu (3,27-31)
La preuve
argumentaire de Paul est ici l’unicité de Dieu, « il n’y a qu’un seul Dieu
qui justifiera les circoncis en vertu de la foi comme les incirconcis par le
moyen de cette foi » (Rm3,30). Notons aussi le retour du mot loi (4fois) alors qu’il avait disparu de l’épitre
depuis 3,21.
Après
l’exposée du fait de la rédemption, Paul s’adonne à une argumentation. Si la
grâce de Dieu est première où est donc la raison de notre orgueil ? « Où donc est le droit de se
glorifier ? Il est exclu. »(3,27). Toutes les raisons de
glorification présentes dans la péricope (1,18-3,20) « mais toi qui
arbores le nom de juif, qui te repose sur la loi, qui te glorifie en
Dieu « (2,17), « toi qui te glorifies dans la loi, en
transgressant cette loi » (2,23), tombent. On ne peut se « glorifier
que dans le Christ Jésus » (15,17). Le principe de la justification est le
même pour tous : l’homme est justifié par la foi sans les œuvres de la
loi. Les juifs le sont έκ πιστεως à partir de la foi dans laquelle ils sont
déjà et les nations sont justifiées διά
τῆς πιστεως : par le moyen de la foi.
Les
« œuvres » (3,27.28) dont il est ici question renvoie au rite
accomplis à la fête du Kippour en vue de la purification du peuple et des lieux
saints. Les expressions « loi des œuvres » (3,27), les « œuvres
de la Loi » (3,28) font allusion à
la Loi qui stipule et décrit le rituel de purification ; ce rituel
s’inscrivant comme annonciateur de la véritable et définitive rédemption en
Jésus Christ. « Sans les œuvres de la loi » (3,28) qui est une
reprise de 3,21 « sans la loi » est aussi une reprise de la propositio.
Pour Paul,
contrairement à ce qu’on continue de lui faire dire, par « l’économie de
la justification par les œuvres de la Loi, les juifs s’étaient comme approprié
Dieu[12] » puisqu’ils sont
les seuls à posséder la Loi de Dieu. Or l’unité des juifs et des païens autour
de l’unicité de Dieu traverse toute l’épitre. Dieu est le Dieu unique qui
justifie par le moyen de la foi.
En 3,31 le
mot « Loi » a le même sens que dans la propositio en 3,21
c’est-à-dire, l’Ecriture et le rite de purification à la fête du Kippour
mentionné dans le narratio en 3,25. Ce
verset pose aussi une question sur la place et la valeur de la Loi-Ecriture et
prescription rituelle qui sera traitée dans la seconde probatio. Sa valeur
« n’est pas de justifier, mais de désigner la véritable source de la
justification. […] la loi pour le juif Paul n’est pas seulement ni d’abord un
code, elle est la Révélation de Dieu et de son dessein. Elle est
prophétique.[…] l’Evangile donne sa pleine valeur à cette loi qui déjà
l’annonçait et l’attestait[13] »
B la justification d’Abraham par la foi (4,1-21) (deuxième partie
de la probatio)
Paul montre
par l’exemple d’Abraham, la permanence de la grâce justifiante de Dieu qui
était déjà présente dans la Torah. Il en veut pour preuve : Abraham a été
justifié gratuitement non en vertu d’œuvres accomplies (4,1-8), alors
incirconcis il a été justifié (4,9-12), et enfin pour avoir cru à la promesse
(4,13-22)
1) sans la loi, a été
manifestée la justice de Dieu à Abraham (4,1-8)
Cette partie
de la probatio ramène la question de la glorification, elle affirme que même Abraham
ne peut s’enfler d’orgueil. Paul va affirmer encore la primauté de la grâce
divine (4,4.16), c’est Dieu qui justifie.
Paul
utilise dans la probatio des éléments midrashique, il fait recours à des
passages bibliques pour étayer sa pensée, il discute aussi avec la tradition
juive en suivant son propre chemin pour convaincre son lecteur juif (le gezerah
sawah).
Dans cette
probatio, en s’appuyant sur Abraham pour démontrer la justification par la foi,
Paul va à l’encontre d’une certaine tradition juive sur Abraham. En effet selon
cette tradition, la justification par la foi d’Abraham est à comprendre comme
une fidélité au sens méritoire, une fidélité qui lui permet de mériter la
justification. Comment Abraham pouvait-il être juste avant le pacte conclut au
Sinaïque ? Si pour la Gn et pour Paul, cette justice vient de la foi
d’Abraham avant toute alliance, pour les juifs, il aurait observé la loi
sinaïtique elle-même.
En 4,2-8
Paul utilise le gezerah sawah, interprétant Gn15,6 « Dieu ne compte pas le péché de
l’homme » à la lumière de Ps32(31),1-2 « Dieu a compté la foi
d’Abraham ». Le Psaume évoque une justification du pécheur grâce au pardon
accordé par Dieu. Le pardon est gratuit pour le pécheur incapable de faire de
bonnes œuvres. De même la foi d’Abraham est à comprendre dans ce sens de la
gratuité de Dieu. Il a été justifié alors qu’il était
« incirconcis »(4,10) et donc « impie »(4,5), seule la foi
permet d’être pardonné. Abraham contrairement avait besoin de ce pardon gratuit
de Dieu, d’être justifié « à titre gracieux »(4,4).
2) Abraham, justifié
incirconcis (Rm4, 9-12)
3) De la mort à la
vie : la foi en Jésus Christ (Rm4, 17-22)
Peroratio, conclusion (4,22-26)
Paul ne
fait pas que récapituler ce qu’il a démontré plus haut. On retrouve en effet
dans cette partie à la fois les probatio « voilà pourquoi » (4,22),
« quand l’Ecriture dit » (4,23), le narratio « Jésus notre
Seigneur » (4,24), la propositio « nous à qui la foi soit être
comptée » (4,24) et « pour notre justification » (4,25). Mais
notons surtout l’apparition d’un fait nouveau, la résurrection. « Quand
l’Ecriture dit sa foi lui fut comptée […], elle nous visait également […] nous
qui croyons en celui qui ressuscita d’entre les morts Jésus notre Seigneur […]
ressuscité pour notre justification. »
(4,24-25) Paul montre que la communion de foi entre Abraham, le lecteur
et lui-même réside en la foi en « un Dieu qui donne la vie aux morts et
appelle le néant à l’existence» (4,17). Cette peroratio qui comporte une
hatima, une conclusion des midrashim homilétiques qui vise à consoler
l’auditeur ouvre sur l’espérance de justification et de vie que Dieu donne à
tout homme par la foi.
Conclusion
La
justification par la foi est, une part importante de l’expérience que Paul a
faite de sa conviction de foi malgré sa faiblesse et la justice de Dieu qui est
premier dans la justification. Sur le chemin de Damas sa vie a été bouleversé,
transformé par appelle de Dieu. Il reçu cette mission « Le Dieu de nos Pères
t’a prédestiné à connaître sa volonté, à voir le Juste et à entendre la voix
sortie de sa bouche ; car pour lui tu dois être témoins devant tous les
hommes de ce que tu as vu et entendu » (Ac22,14-15). Rm1,18-3,20 qui
dévoile le péché de l’homme et Rm3,21-4,25 la gratuité de la justification sont
enracinés dans son expérience personnelle et révèle le Juste comme il en a reçu
la mission.
Paul ne
rougit pas de l’Evangile, il montre à tous selon la mission qu’il a reçu, le
Juste, le moyen objectif de la justification offerte par Dieu. Une mission
particulièrement délicate car il se trouve à la croisée des chemins, le chemin
de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance, le chemin du juif et des païens. Le
Christ instrument de propitiation est ce pont, nouvelle Loi qui fait débordé le
péché de l’homme pour le purifier efficacement, opérer une fois pour toute ce
que la loi et le sang des kippour successifs n’ont pas pu purifié. C’est le
Christ Nouvel Adam par un acte combien plus grand que le péché d’Adam qui réalise
pour nous juifs ou païens, la Loi et les prophètes « le cœur nouveau et
l’esprit nouveau » (Ez36,25-28 ; cf 2Co3,3)
Saint Jean
dans sa première épitre emboite les pas de Saint Paul « si quelqu’un vient
à pêcher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ le juste. C’est
lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les
nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1Jn2,2), c’est lui aussi
qui affirme que Dieu est amour, « ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu,
mais c’est Dieu qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de
propitiation pour nos péchés » (1Jn4,10)
C’est
l’amour de Dieu qui recrée l’homme privés de gloire par le péché ; les
croyants sont « transformés […] allant de gloire en gloire » (2
Co3,18).
Paul dans
sa logique de justification ne laisse pas l’homme inopérant. Il insiste sur la
foi comme moyen subjectif de la justification offerte par Dieu. La foi
d’Abraham n’est pas passive, il engage toute sa vie sur une Parole de Dieu,
promesse humainement irréalisable. Son corps mort et le sein mort de Sara
disent que la réalisation ne dépend pas tant de l’homme, de la circoncision que
de Dieu, fidèle à sa promesse. Mais il fallait bien y croire. « Espérant
contre tout espérance », « d’une foi sans faille », sans
hésitation ni incrédulité, mais avec une foi puissante ». Mais quel est le
Dieu auquel Abraham croit et que Paul nous propose de suivre ?
« le
juste par la foi vivra », il est le Dieu qui justifie (4,2-8), « qui
donne la vie aux morts et appelle le néant à l’existence »(4,17) ;
l’enjeu de la justification par la foi est donc clairement la vie.
« Rien
ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu »( 8,35.39) celui qui aime n’a
pas peur, dépense sans compter. Nos œuvres malgré tout sont comptés pour rien
devant l’immensité de son amour qui est de toujours, déjà présent dans la
création et qui a vu sa pleine manifestation dans le Christ qui fait de nous
une créature nouvelle, par son sang.
Extrait de la DÉCLARATION CONJOINTE
SUR LA DOCTRINE DE LA JUSTIFICATION de la Fédération Luthérienne Mondiale et de l’Eglise catholique
SUR LA DOCTRINE DE LA JUSTIFICATION de la Fédération Luthérienne Mondiale et de l’Eglise catholique
Justification par la grâce au moyen de la
foi
25. Nous confessons ensemble que le
pécheur est justifié au moyen de la foi en l’œuvre salvatrice de Dieu en Christ
; ce salut lui est offert par l’Esprit Saint dans le baptême en tant que
fondement de toute sa vie chrétienne. Dans la foi justifiante, la personne
humaine place sa confiance en la promesse miséricordieuse de Dieu, une foi qui
embrasse l’espérance placée en Dieu et l’amour. Cette foi est active dans
l’amour ; c’est pour cela que le chrétien ne peut et ne doit pas demeurer sans
œuvres. Mais tout ce qui dans la personne humaine précède et suit le don libre
de la foi, n’est pas la cause de la justification et ne la mérite
pas.
26. Selon la compréhension luthérienne,
Dieu justifie le pécheur par la foi seule (sola fide). Dans la foi, la
personne humaine place toute sa confiance en son créateur et sauveur et est
ainsi en communion avec lui. Dieu lui-même provoque cette foi en créant
pareille confiance par sa parole créatrice. Parce qu’il est nouvelle création,
cet acte divin concerne toutes les dimensions de la personne et conduit à une
vie dans l’espérance et dans l’amour. Ainsi l’enseignement de « la
justification par la foi seule » distingue mais ne sépare pas la
justification et le renouvellement de la vie qui est une conséquence nécessaire
de la justification et sans lequel il ne saurait y avoir de foi. En outre, cela
montre quel est le fondement de ce renouvellement. Celui-ci naît de l’amour de
Dieu offert à la personne humaine dans la justification. Justification et
renouvellement de la vie sont intimement unis dans le Christ qui est présent
dans la foi.
27. La compréhension catholique insiste,
elle aussi, sur le caractère fondamental de la foi pour la justification ; sans
elle il ne saurait y avoir de justification. Auditrice de la parole et
croyante, la personne humaine est justifiée par son baptême. La justification
du pécheur est pardon des péchés et réalisation de la justice par la grâce
justifiante qui fait de nous des enfants de Dieu. Dans la justification, les
justifiés reçoivent du Christ la foi, l’espérance et l’amour et sont ainsi
reçus dans la communion avec lui.[14]
Cette nouvelle relation personnelle à Dieu est exclusivement fondée dans la
miséricorde de Dieu et demeure toujours dépendante de l’œuvre créatrice et
salvatrice du Dieu miséricordieux qui est fidèle à lui-même et en qui la personne
humaine peut, pour cette raison, placer sa confiance. Il en résulte que la
grâce justifiante ne devient jamais une possession de la personne dont cette
dernière pourrait se réclamer face à Dieu. Si la compréhension catholique
insiste sur le renouvellement de la vie par la grâce justifiante, ce
renouvellement dans la foi, l’espérance et l’amour est toujours dépendant de la
gratuité de la grâce de Dieu et exclut toute contribution de l’homme à la
justification dont il pourrait s’enorgueillir devant Dieu (Rm 3, 27)
[cf. sources pour le chapitre 4.3.].
Enseignement du père BOUDA Cyrille, chapelain au Sacré-cœur de Montmartre
(avril 2011).
(avril 2011).
[1]
Jean-Noël ALETTI, comment Dieu est-il juste ? cléfs pour interpréter
l’Epitre aux Romains, éditions du Seuil, Paris, 1991, P14
[2]
Ibidem, p15
[3]
Ibidem, P16
[4]
P. BONY, une lecture de l’épitre aux Romains : l’Evangile, Israël et les
Nations, « Esprit et vie », N°69, novembre 2002,p.14
[5]
Charles Perrot, art. cit., p.25
[6]
Philippe ROLLAND, à l’écoute de l’épitre aux Romains, les éditions du Cerf,
Paris, 1991, p.49
[7]Ibidem,
p.45
[8]
Romain CIVALERO, op. Cit, p8
[9]
Grégoire Menier, exposée sur Rm3,21-4,25, p.4
[10]
P. BONY, la révélation de la justice de Dieu (Rm3,21-31), in Esprit et Vie
n°69, nov.2002, P.16
[11]
Grégoire Menier, exposée sur Rm3,21-4,25, p.6
[12]
S. Lyonnet, Etudes sur l’épitre aux Romains, Rome, PIB, Analecta Biblica 120,
1990, p.112
[13] P. BONY, art. cit., p.21
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